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La figure de "L'enfant d'intérieur" : les enfants de plus en plus exclus de l'espace public
Le Haut Conseil de la Famille, de l'Enfance et de l'Âge (H.C.F.E.A.) publie un rapport riche et pertinent : "Quelle place pour les enfants dans la nature et l'espace public ?" avec un état des lieux et des propositions pour favoriser l'inclusion des enfants dans l'espace public.
Dès le préambule est mis en avant la figure de l' "enfant d'intérieur", une tendance qui se développe en France, mais aussi dans la plupart des pays développés Il s'agit d'une tendance à exclure les enfants des espaces publics (accessibles à tous : rues, parcs, places, etc.) et des espaces peuplés (point de rencontre avec des commerçant.e.s, des voisin.e.s, autres parents, autres enfants, etc.). Pour les enfants, ces espaces peuvent être fréquentées sous condition : l'une des conditions principales est d'être accompagné par un adulte.
Ce processus d' "enfermement" des enfants dans l'espace domestique a été favorisé par de multiples facteurs :
Une valorisation de l'espace domestique :
Dès la fin du XIXe siècle avec l'approvisionnement en eau et en énergie à domicile.
Avec la multiplication de supports ludiques, de télécommunications à domicile : livre, presse, radio, télévision, téléphone, consoles de jeux vidéos, ordinateur, internet, services de streaming (Netflix, etc.), etc.
Avec le développement de la "culture de la chambre": espace d''expression identitaire, espace de relation à l'extérieur (communication / jeux vidéos grâce aux smartphones, ordinateurs, consoles de jeu, etc.)
Avec l'émergence de la pratique sportive à domicile avec les appareils de musculation / vidéos de routine sur Youtube / les réseaux sociaux, etc.
Un espace extérieur moins accessible aux enfants :
Une circulation des véhicules qui s'intensifie et une place importante accordée aux véhicules sur la voirie.
Des trottoirs peu praticables voire inexistants.
La réduction des espaces verts.
Le développement de la pollution atmosphérique et sonore.
Une représentation sociale très anxiogène de cet espace extérieur liée aux risques de la circulation automobile et au sentiment d'insécurité liée aux faits divers relatant des agressions / enlèvements d'enfants.
Moins d'espaces adaptés aux enfants et à la pratique du jeu libre :
La disparition des espace intermédiaires entre l'immeuble et la rue comme les cours d'immeubles.
Des espaces de jeux conçus pour les enfants, qui proposent des activités ludiques trop précises et souvent accompagnés d'interdiction, ce qui limite les possibilités de jeu libre.
La pandémie de la COVID 19 et les confinements associés ont considérablement accentué l'exclusion des enfants de l'espace public, en modifiant profondément les pratiques, en accentuant les usages des écrans.
Et, au final, de nouvelles normes de parentalité qui renforcent encore cet enfermement :
Il est mal vu de ne pas emmener son enfant à l'école : en France, 97 % des élèves de l’élémentaire et 77% des collégiens sont accompagnés pendant leur trajet école-domicile (ONAPS, 2022).
Il est mal vu de laisser son enfant jouer seul dans un espace public / peuplé.
Les activités encadrées sont survalorisées par rapport au jeu libre.
Pour favoriser la présence de l'enfant dans l'espace public, le rapport du H.C.F.E.A structure ses recommandations en 9 propositions. Pour résumer, il s'agit de changer les représentations et les mentalités. Oui, les enfants ont besoin de passer du temps à l'extérieur. Oui, le jeu libre est fondamental pour bien grandir. Mais, par ailleurs, les institutions qui accueillent les enfants en journée doivent également valoriser l'espace extérieur. Et, surtout, les villes et les campagnes doivent repenser leur espace public...
Autres articles en lien avec l'enfant, le jeu et la ville :
Le rapport du H.F.C.E.A. est téléchargeable ici :
Pour plus de détails : https://www.hcfea.fr/
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